Facteurs prédisposant à la douleur postopératoire
Douleur aiguë
Des études de cohortes ont été réalisées afin d’identifier les facteurs prédisposant les patients à ressentir une douleur aiguë postopératoire de forte intensité.
Les facteurs identifiés sont : le jeune âge (moins de 60 ans), la durée prolongée de la chirurgie (plus de 2 heures), l’origine ethnique des patients, la localisation de l’incision chirurgicale(incision intercostale lors de la thoracotomie), l’utilisation d’écarteur de sternum (causant des fractures de côtes, la dislocation ou la séparation de la jonction costo-chondrale) et le site de prélèvement des artères pour effectuer le pontage, notamment, le prélèvement de l’artère mammaire interne.
Ce dernier facteur peut causer une douleur neuropathique associée à la lésion partielle de certains nerfs intercostaux logés près de cette artère dont les caractéristiques sont différentes de la douleur postopératoire habituelle (douleur pulsatile, brûlure lancinante) et s’associe à une extinction sensitive dans l’hémithorax antérieur plus ou moins étendue.
Douleur chronique
Dans certains cas, la douleur postopératoire persiste au-delà de trois mois avec une prévalence estimée entre 6 et 70 %, selon les études.
L’étude multicentrique CARD-PAIN a été réalisée dans 4 centres hospitaliers universitaires canadiens spécialisés en chirurgie cardiaque afin de mieux comprendre le phénomène de la douleur chronique.
Cette étude prospective réalisée auprès de 1247 patients a permis d’identifier la prévalence de la douleur et de cibler les facteurs prédisposant à l’évolution vers une douleur chronique. Après la chirurgie, 40 % des patients présentaient une douleur (≥ 0/10) à 3 mois et 10 % à 2 ans. Parmi ces derniers, 15 % accusaient une douleur modérée à sévère (≥ 4/10) à 3 mois et 4 % à 2 ans.
Selon les résultats de l’étude, la douleur aiguë de forte intensité durant la première semaine postopératoire prédisposerait le patient à ressentir de la douleur chronique. De plus, le jeune âge, le sexe féminin, la présence de douleur non angineuse préexistante, un niveau d’anxiété élevé avant la chirurgie, une durée de chirurgie plus courte et une durée d’hospitalisation prolongée se sont révélés des facteurs prédictifs indépendants de la douleur chronique.