Du fait des variations quotidiennes de la douleur de l’arthrose, à quelle fréquence faut-il l’évaluer ?
La douleur est variable non seulement selon la période de la journée et l’activité du patient, mais aussi de la durée de la période pendant laquelle le patient a souffert et du souvenir qu’il en a gardé. Une étude prospective non interventionnelle menée en 2011 s’est attachée à identifier ces différents facteurs et leur impact sur l’évaluation de la douleur ressentie par des patients atteints de coxarthrose et ou de gonarthrose. Au 29e jour à la fin de la période d’observation, les patients devaient éva- luer le changement de leur état par rapport au début de l’étude, sur une échelle cotée en 7 points (Patient Global Impression of Change [PGIC]). Le point intéressant fut de constater qu’en dépit de la diminution significative de l’intensité douloureuse sur les échelles utilisées, 70 % des patients ne rapportaient aucune modification de leur état ou seulement une amélioration très légère. Le fait d’avoir à se souvenir pour évaluer la douleur semble impliquer une reconstruction active des expériences passées. Cela introduit un biais, qui en général majore l’évaluation de l’intensité douloureuse. Ainsi, l’analyse de ces 129 patients souffrant d’arthrose de la hanche et du genou a démontré que l’évaluation pluriquotidienne de la douleur n’est pas nécessaire pour une évaluation prospective précise de la douleur de l’arthrose. Pour les essais cliniques, le recueil une fois par jour de la « douleur moyenne perçue » et de la douleur, « la pire » suffit. La douleur au repos n’a pas d’intérêt. Pour les études rétrospectives, il faut prendre en compte le fait que la mémoire de la douleur est corrélée à l’évaluation des douleurs quotidiennes du 7 au 28e jour, elle reste fortement influencée par la douleur ressentie le jour même de l’évaluation.