Perception de la douleur
La plupart des gens, soignants inclus, pensent que les femmes supportent mieux la douleur que les hommes. C’est pourtant l’inverse en ce qui concerne le seuil et la tolérance à la douleur. Le seuil à la douleur, lorsque celle-ci est provoquée expérimentalement par une pression ou un stimulus électrique, est plus bas chez la femme. La femme perçoit plus rapidement la douleur et sa tolérance est plus basse, notamment quand la douleur est d’origine abdominale, en lien avec l’appareil locomoteur, non expliquée ou lors de fibromyalgie. 5 Elle rapporte également des douleurs plus sévères, une fréquence de pics douloureux plus élevée et des douleurs anatomiquement plus diffuses et plus persistantes.
Les raisons précises de ces différences ne sont pas connues. Elles pourraient être à la fois de l’ordre du sexe et du genre. Sur le plan biologique, on sait que les hormones sexuelles, de par leur effet sur le système nerveux central, et le cycle menstruel, influencent la
sensibilité à la douleur sans que le mécanisme exact soit explicité. Le seuil à la douleur est plus bas lors des menstruations. Les femmes, dans une phase du cycle caractérisée par un taux bas de progestérone et élevé d’oestrogènes, ont un seuil à la douleur comparable aux hommes. Le seuil à la douleur est par contre abaissé lors d’une phase avec un taux réduit d’oestrogènes.
Ce taux réduit d’oestrogènes serait responsable d’une réduction de l’activation des récepteurs opioïdes endogènes au niveau des zones cérébrales impliquées dans l’analgésie. Sur le plan du genre, les normes masculines encourageraient une augmentation du seuil à la douleur, alors que les normes féminines favoriseraient l’acceptation et l’expression de ce symptôme.